La démission

Dans une quête éperdue pour amarrer son âme à ce fil
mystérieux qui conduit à la possibilité d'écrire, Maya
Lâle erre. Jeune intellectuelle turque émigrée à Paris
pour suivre «l'Archange», son mari - grand poète turc qui
partage son temps entre Istanbul et les hauts cercles artistiques
parisiens -, elle nous entraîne, de rue en rue et de bistros en
terrasses de café, dans les méandres de ses déambulations dans
le quadrilatère magique où elle se laisse enfermer (l'Archange
lui avait dit : «...les quatre boulevards dont tu dois retenir les
noms : Montparnasse, Saint-Michel, Saint-Germain, Raspail.»)
Là, elle tutoie tout aussi bien les écrivains défunts qui peuplent
le panthéon de sa mémoire que les clochards sublimes dont elle
partage l'irrésistible penchant pour le verre de trop. Et, mode
du XXe siècle oblige, elle tente aussi de s'en remettre à son
psychanalyste. Il s'agit-là de la page blanche. Douleur ? Paresse ?
Ou encore, peut-être, fuite salutaire pour échapper à la
troublante dualité d'un être suspendu entre Orient et Occident ?
Quel sera, au final, l'ultime refuge de Maya Lâle ?