Précis d'économie agricole pour le développement : le primat des logiques paysannes

Un livre sur le développement agricole ne doit pas se contenter de proposer des recettes, même si le plus souvent ce sont des questions formulées en termes d'action immédiate (que faut-il faire ?) qui sont posées aux chercheurs. En dépit de l'avertissement donné il y a 60 ans par Schumpeter, «nous faisons beaucoup trop de plans et nous pensons beaucoup trop peu». Or le premier service que peut rendre la recherche ne consiste pas à proposer des réponses, mais à bien poser les questions. Cet ouvrage commence donc par «faire le compte des divergences». De quelle grille de lecture se doter, qu'il s'agisse d'analyse économique, de conception du développement, ou de progrès agricole ? A ces différents niveaux il est nécessaire d'effectuer des choix, car on ne peut ni considérer que toutes les conceptions se valent, ni affirmer que la meilleure est nécessairement la plus récente.

S'agissant d'un Précis, il était normal de faire une place aux questions de base d'économie agricole. Mais pour aborder de façon précise l'étude du développement agricole il est nécessaire de disposer d'une grille de lecture. C'est à Schumpeter qu'on a emprunté celle-ci - et plus précisément à la distinction introduite par cet auteur entre circuit stationnaire et Entwicklung (développement). Le circuit se caractérise - économiquement comme culturellement - par la recherche de l'équilibre. Dès lors, le développement se présentera comme une mutation devant perturber cet équilibre. Et la question se pose alors : cette perturbation ne va-t-elle pas déclencher un processus darwinien d'exclusion des moins aptes ? Le retour sur diverses expériences menées dans l'agriculture africaine au cours des quarante dernières années permet de fournir des réponses concrètes. La conclusion retrace le chemin suivi respectivement par l'agriculture française et par les paysanneries africaines afin de discerner les traits qu'elles revêtiront dans l'avenir.