La perte

Creuser un tunnel sous le fleuve Oural, tel est le projet fou et dénué de toute utilité de Pekalov, fils de marchand, ivrogne et ruiné. Dans cette Russie du XVIIIe siècle, seuls quelques traine-misère et un groupe d'aveugles acceptent, au risque de leur vie, de creuser la galerie.

Deux siècles plus tard, un homme, noyé dans un quotidien sans éclat, s'interroge sur le sens de l'existence quand brusquement sa réflexion sur le temps et le passé le conduit à rencontrer par la pensée le jeune marchand du XVIIIe siècle.

Ces deux situations sont pour l'auteur l'occasion de représenter des personnages hauts en couleurs, violents et paradoxaux. Obscurs à eux-mêmes, ceux-ci sont traversés par des forces élémentaires qui les jettent les uns contre les autres.

Datée de la fin des années 70, cette œuvre est celle que l'auteur considère, avant Les Voix, comme la plus forte de toutes celles qu'il ait écrites, mais elle n'a vu le jour qu'avec la politique d'ouverture de la Perestroïka, Makanine se plaît d'ailleurs à rappeler qu'en 1981, la censure l'avait interdite de la manière la plus ferme.